Agriculture Urbaine à Rosario

Facebook
Twitter
LinkedIn

Après avoir présenté dans un précèdent article, comment l’agriculture urbaine c’est implémenté à Rosario voici un focus sur certaines problématiques rencontrées et les solutions mises en œuvre. Nous en profiterons pour détailler le fonctionnement d’acteurs de terrain.

L’impact social

Le but premier du programme d’agriculture urbaine est de développer l’impact social.

Pour cela, des « Parque Huerta », lieux pour pratiquer l’agriculture urbaine, ont été progressivement mis en place. En 2022, il y avait 4 Parque Huerta dans la ville de Rosario pour un total de 75 hectares et environ 300 producteurs et productrices.

Le public visé est précaire, pour encourager la production la ville met à disposition de l’eau, le lieu, de l’aide technique, etc.

À la différence des jardins familiaux en France, ici le but est mixte : se nourrir et gagner de l’argent. Les personnes qui viennent cultiver tous les jours arrivent à se rémunérer grâce à la vente des productions sur place ou sur des marchés. Cela représente environ 50% des personnes cultivant dans le Parque Huerta La Tablada.

Le lien entre le Parque Huerta et le quartier se développe avec le temps, ce développement se fait grâce à de la sensibilisation alimentaire.

Aujourd’hui, le lieu est accepté et protégé par les voisins ; c’est un espace social qui fait du bien dans une zone où les meurtres, problèmes de drogues sont présents.

Les personnes vivant dans le quartier sont différentes de celles vivant dans le centre urbain : elles sont souvent immigrées, parlent avec un accent, habitent là où il y a des problèmes des drogues, etc. Le Parque Huerta est un lieu de lien et connaissance entre le centre-ville et le quartier grâce aux personnes qui viennent sur place pour voir et acheter des produits.

Avec cet exemple on voit les dimensions sociales et politiques de l’agroécologie mises en œuvre.

La formation

Un enjeu est celui de la formation afin d’acquérir des méthodes de production, la majorité des personnes n’ayant jamais cultivé auparavant.  

Dans les Parque Huerta, pour pouvoir débuter la production, la ville donne de l’argent à chaque nouvelle famille (10 000 pesos argentins, soit un peu moins de 50€). Une formation de 4 jours sur la production, la vente, etc. est également à réaliser avant de débuter afin d’avoir les éléments de base. Pour les personnes motivées, un 2d cycle de formation plus spécialisé est possible.

Cet enjeu de formation se retrouve aussi dans les fermes périurbaines. Ces fermes périurbaines « classiques » sont intégrées à la ceinture verte de 300 ha. Ils ont pour obligation de produire en agroécologie. Pour réaliser ce changement, ils reçoivent une aide technique de la ville : technicien·es qui passent sur la ferme, formation, etc..

Cet appui technique et la formation des acteurs sont un point qui ressort très souvent dans ce type de projets qui nécessitent d’être bon techniquement. Il me semble important à mettre en œuvre dans tout projet de transition.

Pour réaliser ces actions de formation, la municipalité de Rosario s’appuie sur un centre agroécologique.

Ce centre est situé sur un terrain appartenant à la municipalité et à la province, quelques personnes y travaillent à temps plein. Il est constitué de diverses parcelles qui permettent de montrer les manières de produire et de les mettre en œuvre lors de formations.

Dans ce lieu sont réalisées des formations à l’agriculture urbaine et périurbaine : comment faire un compost, les méthodes de semis, comment bien gérer le sol, les productions de saison, etc. Des formations à la biodynamie sont aussi réalisées : calendrier, préparations, etc.

Dans ce centre agroécologique, ils produisent plusieurs milliers de plants pour que les habitants et habitantes puissent les planter chez eux. Ces plants sont aussi à destination des producteurs et productrices urbain·es et périurbain·es. Le centre joue aussi le rôle de banque de graine et réseau d’échange pour maintenir des variétés libres de droits commerciaux.

Ce centre est une véritable ressource pour la municipalité et pour toutes les personnes voulant se former. D’autres villes d’Argentine réfléchissent à mettre en place ce type de lieux chez elles.

La commercialisation

Pour soutenir cette production agroécologique locale, il faut développer la commercialisation auprès des habitant·es afin que les producteurs et productrices puissent avoir un revenu.

Pour cela ont été mis en œuvre des marchés (Ferias), il y en a actuellement 11 sur la ville. Ce sont des lieux de vente pour tous les producteurs et productrices agroécologiques qui sont connus de la municipalité : participation aux programmes d’agriculture urbaine ou de ceinture verte.

Ces ferias sont organisées par la mairie, c’est elle qui se charge de la communication, de la mise en place des barnums, etc.

Les places sont réservées pour les personnes qui viennent chaque semaine. Si une nouvelle personne veut venir vendre sa production, elle doit demander une place à la municipalité.

Le nombre de ces ferias a augmenté depuis l’arrivée des produits de la ceinture verte afin de limiter la compétition entre les vendeurs.

Un effort est fait pour que les prix ne soient pas plus de 20 à 30% supérieurs à ceux du conventionnel. Ceci afin de valoriser la production, mais de garder des prix accessibles à toutes et tous.

Le problème des Ferias est que ce sont des ventes à des jours fixes.

Pour élargir et varier les modes de commercialisation le Mercado Del Patio, un marché couvert, ouvert 6 jours par semaine, a été ouvert. Le développement de la part de produits locaux et agroécologiques dans des magasins physiques type primeurs est aussi réalisé.

Avec l’émergence d’un semi-grossiste, de la vente dans des magasins primeurs il y a une volonté de diversifier les canaux de vente pour que les productions atteignent un public le plus large possible.

Selon les échanges que j’ai eus, s’il y a une augmentation du nombre des points de vente, il y aura une augmentation des ventes. La demande pour des produits agroécologiques locaux est présente, c’est plutôt la production et la commercialisation qui sont à la traine, d’où un travail pour renforcer ces aspects.

Points d’attention

Au fil des échanges, il est ressorti quelques points d’attention. Les producteurs font souvent les mêmes productions de légumes : tomates, laitues, etc. et ils sont peu diversifiés. Avoir des légumes différents et surtout produire des fruits semble nécessaire pour satisfaire au mieux les consommateurs et éviter de les importer de loin.

À ce jour cette question n’a pas encore trouvé de réponse, car cela dépend de la volonté et des capacités de production de chaque producteur et productrice.

Un autre point de travail est la communication autour des ferias et autres points de vente : comment faire connaitre le programme des ferias ? Comment faire connaitre le type de productions présentes ? Comment informer le public sur ce qu’est l’agroécologie ?

Des actions de communication sont réalisées sur les Ferias, dans les publications de la ville, etc. Mais, en échangeant avec des personnes sur le marché, il en ressort que ce sont principalement ceux qui ont l’habitude et connaissent déjà ces marchés qui viennent y faire leurs achats.

Certaines personnes viennent sur le marché, car ils passent par-là, mais sans savoir ce qu’il y a derrière (programmes de la ville, production locale, agroécologique, etc.).

En discutant avec quelques personnes, il semble que l’existence des programmes d’agriculture urbaine soit connue, mais pas les détails de ce qu’ils réalisent. Ce qui monte que malgré plus de 20ans d’existence, la communication n’est toujours pas parfaite.

Liens vers les articles publiés :

https://agri-city.info/fr/dossiers-et-articles/fermes-urbaines/la-ville-de-rosario-developpe-les-marches-pour-soutenir-la-production-urbaine

https://agri-city.info/fr/dossiers-et-articles/fermes-urbaines/le-role-du-centre-agroecologique-de-rosario-dans-le-developpement-de-l-agriculture-urbaine

Plus d'articles

Tribune

Oui les femmes et les minorités de genre ont leur place dans nos campagnes et dans nos fermes ! Je vous partage des

Persévérance

🎯 Se fixer un objectif et ne pas l’atteindre… 😓Leçon de persévérance grâce au sport, Début juin c’est mon anniversaire. En début

Compost

Connaissez-vous cet or noir de l’agriculture et du potager ? Non je ne parle par du pétrole… Le compost est un humus riche en